Lors de notre dernier conseil d’administration la question du positionnement du Club National des Bécassiers par rapport aux nombreuses attaques que subit le monde de la chasse a été débattu. La question est posée : est-ce notre rôle d’intercéder auprès des pouvoirs politiques pour obtenir gain de cause. Je ne le crois pas. La Fédération Nationale des Chasseurs est notre instance de tutelle. C’est son rôle et je crois pouvoir dire que qu’elle le remplit pleinement. Malheureusement, quelquefois les résultats obtenus ne sont pas forcément au niveau de nos attentes. La FNC a, bien sûr, tout notre soutien.
Pour sauvegarder la chasse à la bécasse mais également la chasse en général, notre club n’a pas attendu les multiples assauts contre notre passion pour agir. Le recueil de données, dans cette lutte quasi quotidienne, est le meilleur garant pour que nous puissions constituer une base de données qui servirait à notre défense si cela était nécessaire.
Depuis maintenant pratiquement trente ans, au départ sous forme papier, maintenant sous forme dématérialisée avec la création de l’application « Béc@notes », nous pouvons suivre au jour le jour l’évolution de l’ICA, Indice Cynégétique d’Abondance pris en compte pour évaluer le bon état des populations bécassières. Le relevé des sorties, effectué par nos membres, permet le calcul quasi instantané de cet indice.
Il est complété par l’IAN, Indice d’Abondance Nocturne, calculé à partir des sorties baguages. Nos 42 bagueurs formés participent efficacement au calcul de ce deuxième indice.
La lecture des ailes, initiée par Jean-Paul Boidot, est possible grâce à la fourniture des échantillons par nos adhérents complète la panoplie de suivi des populations bécassières et permet d’apporter une donnée supplémentaire. La précision de cette lecture allant jusqu’à proposer des classes d’âge chez les jeunes comme chez les adultes, le sérieux de nos lecteurs formés à cet exercice et à qui on demande régulièrement une remise à niveau, attestent de la haute valeur des résultats de ces analyses.
Depuis maintenant trois ans, conscients de l’impact possible du réchauffement climatique sur la vie de la bécasse des bois, nous avons initié la récolte de gonades dont l’analyse permettra, au terme de l’étude, de connaître l’impact de ce phénomène sur la maturation sexuelle des oiseaux.
Le moment venu, et si nos adversaires s’avisaient à vouloir interdire la chasse à la bécasse nous serions à même de fournir un dossier complet sur l’état des populations bécassières montrant qu’elles se portent bien. Nos travaux, nos données sont transparentes et chacun peut s’y référer.
Le récent octroi de l’agrément au titre de protection de l’environnement, la publication d’articles dans des revues ornithologiques internationales, notre intégration dans le groupe de recherche bécasse/bécassines et enfin le partenariat initié avec l’Office Français de la Biodiversité, établissement public dans le suivi d’oiseaux équipés de balises, sont les garants du sérieux de nos travaux et nous font reconnaître comme une instance incontournable en ce qui concerne la gestion des populations de Bécasse des bois.
En ce début d’année 2023, je souhaite à toutes et tous une excellente année bécassière. Prenez beaucoup de plaisir derrière vos chiens. Respectez l’oiseau en vous imposant une éthique dans sa quête. Expliquez votre passion auprès des autres utilisateurs : randonneurs, promeneurs, vététistes, … rencontrés lors de vos sorties. Toutes les activités de pleine nature doivent coexister dans le respect des uns et des autres.
Bruno Meunier
LA MORDOREE – Janvier 2023 1Jan